samedi 15 janvier 2011

Tête, épaules, genoux, orteils ... (Partie I)


Partie 1:

Si vous étiez pour découvrir que vous perdrez l'usage de vos bras et de vos jambes au cours des deux prochaines années, que feriez-vous?

La sclérose latérale amyotrophique (SLA), plus communément appelée maladie de Lou Gehrig, est une maladie neurodégénérative commune qui se caractérise par la mort des neurones moteurs. Comme les fils électriques, les neurones moteurs sont des cellules situées dans le cerveau et la moelle épinière qui envoient de longues projections jusqu’à vos muscles afin d’en contrôler leur contraction. Si ces neurones ou leurs projections sont endommagés, les muscles de votre corps ne pourraient pas se contracter lorsque vous voudrez effectuer une action. Ainsi, ceux qui sont diagnostiqués avec la SLA et qui ont une atteinte aux neurones moteurs, subissent une paralysie progressive et perdent graduellement l'usage de leur corps. Chaque année, une personne sur 100.000 sera touchée par la SLA. Ils perdront lentement leur indépendance, étant éventuellement incapable de marcher, de parler, ou même d’exprimer leurs émotions à travers l'expression du visage, tout en étant pleinement conscient de leur environnement. Ils seront pris au piège dans un corps qui ne pourra pas les écouter. Finalement, dans les 2 à 5 ans après le diagnostic de la maladie, les patients meurent d'insuffisance respiratoire parce que les neurones moteurs contrôlant les muscles respiratoires finiront par mourir. Habituellement, le début de la SLA est compris entre l’âge de 40 et 70 ans, mais cette maladie dévastatrice peut affecter n'importe qui et à n’importe quel moment. D’ailleurs, quelques personnes souffrant de la SLA ont présenté des symptômes en début vingtaine (Stephen Hawking). Cette maladie est 20% plus fréquente chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes, mais l'incidence s’égalise entre les hommes et les femmes avec l'âge.

Même si la SLA est considérée comme une maladie multifactorielle, la cause de cette maladie est toujours peu connue. Ainsi, pour en comprendre d’avantage sur la maladie, des études dans plusieurs disciplines sont effectuées (inflammation, excitotoxicité et communication cellulaire). Alors que seulement 10% des cas de SLA sont familiaux, ce qui signifie que la cause peut être liée à des anomalies dans vos gènes, 90% des cas sont sporadiques. Il y a toutefois un bon côté à cette question. Quand on observe le tissu nerveux prélevé sur des patients atteint de SLA, la caractéristique commune que nous retrouvons dans tous les cas de SLA, est la présence d'amas de protéines appelées agrégats. En étudiant les cas familiaux et les gènes impliqués dans la SLA, nous pouvons générer des modèles qui nous permettent d'étudier les mécanismes à l'origine de la SLA afin de nous aider à comprendre ce qui rend les neurones moteurs particulièrement vulnérables aux agrégats de protéines.

Dans les cellules normales, les protéines sont comme un ruban qui doit être plié correctement pour fonctionner. Lorsque ces protéines sont mal repliées dû à un stress cellulaire ou dans le cadre d'une maladie, ils ont tendance à se coller les unes aux autres pour former des amas ou des agrégats dans la cellule. Ces agrégats interfèrent avec le fonctionnement normale d’une cellule et, s'ils ne sont pas pris en charge, conduiront à la mort de la cellule. À savoir si la formation des agrégats de protéines se produit au début ou à la fin de la SLA demeure un mystère. Par contre, il est clair que les agrégats ont un effet néfaste sur les neurones moteurs. Beaucoup de recherche sur la SLA essaie donc de comprendre le rôle de ces agrégats dans la SLA.

Dans le prochain segment à paraître bientôt, nous allons discuter de la recherche actuelle, qui explore les réponses de la cellule à ces agrégats et les explications possibles pour lesquelles les neurones moteurs sont atteints par les agrégats de protéines dans la SLA.

Restez attentif pour la suite !

Michael Tibshirani
McGill University

Aucun commentaire:

Publier un commentaire