lundi 24 janvier 2011

Maladie de Parkinson: Vers l’établissement d’un remède


Partie 2: Les traitements actuels

Ce texte est le deuxième d'une série de trois parties écrites par Andrew Greene, un étudiant diplômé à l'Université McGill, qui poursuit des recherches sur la maladie de Parkinson.

Bien qu'un certain nombre d’interventions existent pour traiter la maladie de Parkinson, ils ont tous ciblé les symptômes plutôt que la cause de la maladie, c’est-à-dire la mort des neurones de la substantia nigra. Cela découle principalement du fait que nous ne comprenons pas exactement pourquoi ces neurones meurent. Toutefois, on parvient à déchiffrer de plus en plus cette maladie et nous nous rapprochons de la solution d’année en année. D’ailleurs, certaines recherches actuelles qui étudient des avenues possibles de guérison, seront discutées dans la partie 3. Pour maintenant, nous sommes limités à des traitements qui ciblent les symptômes qui peuvent être très efficaces, comme nous le verrons ci-dessous.

Dans la partie 1, nous avons vu que les principaux symptômes de la maladie de Parkinson sont causés par la mort des neurones qui émettent une substance chimique qu’on appelle la dopamine. Il n'est donc pas surprenant, que le traitement de prédilection de la maladie de Parkinson soit l'administration de suppléments qui hausse le taux de dopamine. Cependant, on ne peut administrer directement de la dopamine par la bouche, parce qu’elle n'atteindra pas le cerveau. Les scientifiques ont donc réussi à contourner ce problème en utilisant un produit chimique appelé levodopa ou L-dopa. La L-dopa est une molécule naturelle présente dans les animaux et les plantes. Chez les humains et les animaux, la L-dopa administré oralement peut facilement atteindre le cerveau, où elle est transformée en dopamine. Ce traitement apporte un supplément de dopamine au cerveau du patient, lui permettant ainsi une facilitation des mouvements. Toutefois, il y a des effets secondaires. Même si les niveaux de dopamine sont soigneusement réglés dans le cerveau de personne normale, les niveaux de dopamine produient à partir de L-dopa sont moins bien réglés. Un effet secondaire de la L-Dopa que l’on rencontre fréquemment est une abondance de mouvement et/ou des mouvements involontaires, comme des contorsions ou des secousses. Heureusement, ces effets secondaires peuvent généralement être minimisé en ajustant les doses de L-dopa.

Lorsque les médicaments n’ont plus les effets espérés, les patients admissibles peuvent opter pour différents types de chirurgie. Comme les médicaments actuellement disponibles, les chirurgies sont inutiles pour régler la cause de la maladie. Par contre, ils peuvent être très efficaces pour éliminer plusieurs symptômes débilitants. Une option qui gagne en popularité, est l'implantation d'un dispositif de stimulation cérébrale profonde. De façon contre intuitive, l'effet de la stimulation cérébrale profonde est de bloquer l'activité de neurones dans une certaine partie du cerveau. Ceci inhibe efficacement la voie indirecte, qui, comme mentionné dans la partie 1, est impliqué dans l'inhibition des mouvements et qui est hyperactive dans la maladie de Parkinson. La stimulation cérébrale profonde est efficace contre les symptômes tels que la rigidité et la lenteur des mouvements. De plus, elle est moins susceptible de provoquer des mouvements involontaires, comme ceux provoqué par la L-dopa. Malheureusement, la disponibilité de ce traitement est limitée parce que c’est un traitement dispendieux et qu’il exige une grande expertise en imagerie médicale, en chirurgie, en neurophysiologie et en gestion post-opératoire. De plus, parce que ni la stimulation cérébrale profonde, ni la L-dopa traitent la cause de la maladie de Parkinson, les neurones continuent de mourir selon la progression de la maladie. Cela signifie que les symptômes qui ne répondent pas aux traitements (troubles cognitifs, chutes fréquentes), ne cessent de s'aggraver. Pour cette raison, la maladie de Parkinson reste un domaine actif de la recherche en neurosciences.

Restez attentif pour la partie 3: Vers l’établissement d’un remède. Bientôt disponible!


L’art neuroscientifique


Le seuil exact de la différence entre les sciences et les arts constitue un sujet délicat. En fait, ces jours ci, cette différence ressemble plus à un ensemble science-art. C’est particulièrement vrai dans le domaine nébuleux des neurosciences, l'objectif principal est de réunir des disciplines qui étudient l’esprit et son fonctionnement (la philosophie, la sociologie, la psychologie). Il y a également les champs d'étude sur les processus physiques qui sous-tendent le fonctionnement du cerveau (la neurobiologie, la chimie et l'électrophysiologie). Un bon conseil: avant d'entrer dans un débat science-art avec quelqu'un qui étudie le cerveau ou l'esprit, vous devrez tout d’abord les traiter comme scientifique ; c’est plus sûr d’être réservé sur leur place dans le spectre. (Puisque le mot art signifie habileté ou artisanat en latin, je crois personnellement que nous devrions nous présenter comme des artistes.)

Alors que le débat fait rage sur ce qui devrait être considéré comme des sciences, certains scientifiques s’efforcent pour produire de l’art. En effet, plusieurs compétitions sur l’art microscopique ont vu le jour. Ces compétitions présentent de belles images prisent par les biologistes qui étudient les choses trop petites pour être discerné par l'œil humain. Par exemple, vous pourriez avoir vu des photographies par microscope électronique à balayage du pollen dans la revue « National Geographic ». Des événements comme « Bioscapes Olympus Competition » et « Nikon’s Small World Competition » comprennent des images de nombreux sujets différents prises par de nombreux types de microscopes (le type de microscope utilisé peut changer radicalement la composition et le sentiment dégagé par l'image). Les lauréats de cette année du « Olympus Bioscapes Competition » ont été annoncés récemment, et les neuroscientifiques ont remporté la première, troisième et septième position, avec quelques mentions honorables également. Jetez un oeil ici.

L’incroyable GPS humain


         Vous demandez vous comment un conducteur de taxi est en mesure de vous rendre du point A au point B, sans l'aide d’un GPS? C’est parce que son cerveau est plus grand que le vôtre ... du moins ... son hippocampe l’est. L'hippocampe est une région importante du cerveau en ce qui concerne la mémoire à long terme et la navigation spatiale. Alors qu'on a longtemps pensé que les talents étaient innés et qu’ils doivent être exploités dès un jeune âge, les chercheurs qui étudient les conducteurs de taxi de Londres affirment qu'un vieux chien peut apprendre de nouveaux trucs. Durant leurs trois à quatre années d'études, les aspirants conducteurs de taxi de Londres ont à apprendre la disposition de plus de 25 000 rues, à la suite duquel seulement 25% d’entre eux obtiennent leur certificat de taxi londonien pour attester de leur capacité à se retrouver dans le complexe réseau routier de la ville. Grâce à l'imagerie par résonance magnétique, les chercheurs ont déterminé que les conducteurs de taxi de Londres ont une augmentation du volume de la partie arrière (partie postérieure) de l'hippocampe. Ceci indique clairement que le cerveau adulte est capable de changer sa structure pour répondre à certaines exigences et que les talents ne sont pas nécessairement innés, mais qu’ils peuvent également être acquis par répétition. C'est exact ; la perfection vient avec la pratique.

Par rapport aux conducteurs réguliers ou aux conducteurs d’autobus qui suivent un itinéraire simple et défini, les conducteurs de taxi ont un hippocampe postérieur qui se développe avec les années d’expérience. Ceci démontre que la partie postérieure de l'hippocampe est importante pour la représentation spatiale des environnements très complexes. Il y a toutefois une conséquence. Alors que la partie postérieure de l'hippocampe grandit avec l'expérience, la partie antérieure devient plus petite que ceux des conducteurs d'autobus et des conducteurs réguliers. Cette diminution de volume de l'hippocampe antérieur a été associée à une diminution des performances de la mémoire antérograde. Ainsi, même si les conducteurs de taxi sont meilleurs à la représentation spatiale, ils sont moins performants dans l'acquisition et la conservation de nouveaux types d'informations comme le mouvements dans l'espace, déterminé par leur performance inférieure dans le test de Rey-Osterrieth. Ce résultat de test signifie que lorsque les conducteurs de taxi ont été présentés une figure formée de ligne et demandé de le dessiner de mémoire, ils les ont reproduit moins fidèlement et avec moins de détails que les conducteurs d’autobus ou les conducteurs réguliers.

Les conducteurs de taxi ne montrent non seulement que la pratique rend parfait, ils montrent aussi que si vous n'utilisez pas vos habiletés régulièrement, vous les perdrez. Les chercheurs ont comparé l'hippocampe des conducteurs de taxi à temps plein aux conducteurs de taxi retraités et ils ont constaté que les changements structurels qui se produisent dans les conducteurs de taxi à temps plein sont inversés chez les conducteurs de taxi retraités. En outre, les conducteurs de taxi retraités ont démontré moins de capacités à naviguer autour de Londres. Ils ont cependant obtenu de meilleurs résultats au test de Rey-Osterrieth que les conducteurs de taxi à temps plein.

Ces observations témoignent du fait que le cerveau humain adulte n'est pas statique, mais qu’il est très dynamique, s'adaptant constamment à notre environnement et à vos comportements. Ceci a des implications dans plusieurs domaines comme dans l'éducation ou dans la réhabilitation des patients atteints de troubles cognitifs tels que l'autisme ou la maladie de Parkinson. Des chercheurs de l'UCL croient qu’avec des exercices spécifiques du cerveau, nous pouvons renforcer les parties du cerveau défectueuses ou endommagées. Donc, ceux d'entre vous qui prétendez être trop vieux pour apprendre quelque chose de nouveau, revenez sur ces mots croisés, prenez cette classe que vous avez été toujours eu envie de suivre, commencez un nouveau passe-temps et pratiquez, pratiquez, pratiquez!

Michael Tibshirani
Université McGill