mardi 9 novembre 2010

La génération de neurones pour une nouvelle cible thérapeutique


Dans l'espace compris entre vos deux oreilles, un morceau de tissu d'environ 1,4Kg (principalement composé d'eau) contient tout ce qui est nécessaire pour composer votre personnalité. Votre cerveau est responsable de tous vos souvenirs, vos émotions, vos actions, vos joies, vos peines et vos ambitions. Une meilleure compréhension du cerveau humain et de son fonctionnement offrirait par conséquent la possibilité de diminuer la souffrance chez les patients atteints de maladies psychiatriques à l’aide de traitements spécifiques. Éventuellement, ces traitements permettraient d’obtenir un plus grand potentiel de bonheur et de jouissance dans la vie de ces patients. Toutefois, les troubles psychiatriques sont des maladies complexes parce qu’ils détiennent souvent plusieurs théories quant à leur cause ou leur origine.

La dépression est un bon exemple où il y a plusieurs hypothèses pour tenter d'expliquer cet état débilitant qui touche plus de 120 millions de personnes à travers le monde. Une des théories les plus connues est la « théorie monoaminergique » de la dépression, qui se concentre sur des défauts avec les neurotransmetteurs (substances chimiques que les cellules du cerveau (neurones) utilisent pour communiquer), comme la sérotonine. Toutefois, dans cet article, une théorie plus récente, la «théorie neurogène» de la dépression, sera abordée.

Jusqu'à tout récemment, on croyait que le cerveau cessait de produire de nouveaux neurones après le développement. Il y a environ un siècle, le célèbre neuroscientifique Santiago Ramon y Cajal dit : "Dans le système nerveux central de l’adulte, les voies nerveuses sont quelque chose de fixe et immuable ; tout peut mourir, rien ne peut être régénéré ". Toutefois, la création de nouveaux neurones dans le cerveau des adultes est possible et ce processus est connu sous le nom de neurogenèse.

Il faut toutefois noter que certains aspects de la neurogenèse demeurent mystérieux. En effet, il semble n’y avoir que deux zones clairement identifiées dans le cerveau où la neurogenèse est possible, soit le bulbe olfactif et le gyrus dentelé de l'hippocampe. De nouvelles recherches ont démontré que d’autres parties du cerveau pourraient également être neurogénique, mais, même dans ces régions, le nombre de nouveaux neurones semble être limité. Cela soulève donc certaines questions: pourquoi seulement ces quelques régions en particulier et pas d'autres? Également, quelle est la fonction de ces nouvelles cellules?

Bien que la neurogenèse chez l’adulte soit une découverte assez récente et soit un sujet d’actualité en neurosciences, nous n’avons que des réponses préliminaires aux questions élaboré ci-dessus. D'une part, ces nouveaux neurones sont immatures et ils semblent avoir plus de plasticité (changement des contacts ou des propriétés internes du neurone) avec d'autres cellules. Quelques indications nous laissent percevoir quelques indices quant à leur fonction, en particulier avec la neurogenèse dans l’hippocampe, qui est impliqués dans l'apprentissage, dans la mémoire et qui est associé au fonctionnement émotionnel.

Cela nous ramène à la théorie neurogène de la dépression qui s’énonce comme suit : s’il y a une diminution du taux de production de nouveaux neurones, les symptômes de la dépression peuvent apparaître ou augmenter en sévérité, alors que l'augmentation du taux de la neurogenèse dans l’hippocampe adulte peut réduire la gravité ou l'apparition des symptômes de la dépression. Bien que cette théorie soit relativement récente, il y a plusieurs arguments en faveur de celle-ci. D'une part, les facteurs qui semblent aggraver la dépression (le stress), diminuent également la neurogenèse dans l’hippocampe. À l’inverse, les facteurs qui ont permis d'améliorer les symptômes de la dépression (médicaments antidépresseurs, traitement par électrochocs), augmentent la neurogenèse dans l’hippocampe. D’ailleurs, une diminution du volume de l’hippocampe a également été démontrée chez les patients atteints de dépression. De plus, le délai entre le début du traitement avec des médicaments antidépresseurs et l'amélioration des symptômes de la dépression (environ quatre à six semaines) reflète de près le temps nécessaire pour que les neurones stimulés par ce médicament se développent en neurones fonctionnels. Et enfin, des expériences faites auprès de modèles animaux ont montré que les facteurs qui facilitent la neurogenèse induit des comportements antidépresseur chez ses animaux.

Ainsi, la théorie neurogénique de la dépression, même si cela reste une idée relativement nouvelle, offre un aperçu intéressant sur la dépression, sur d’autres troubles psychiatriques, ainsi que sur les traitements possibles. Si l'augmentation du taux de la neurogenèse peut améliorer la dépression et ses symptômes, alors nous pouvons potentiellement développer de nouveaux médicaments et traitements visant spécifiquement à accroître la neurogenèse chez l’adulte.

Il est important de garder à l'esprit que beaucoup de théories scientifiques qui ont été mise au point concernant les troubles psychiatriques sont préliminaires. Beaucoup de recherches importantes sont encore nécessaires avant que nous puissions définitivement répondre aux besoins des patients et de leurs familles. Toutefois, il faut noter que nous nous rapprochons constamment de ces réponses et que cela permet d’offrir de l'espoir à ceux qui en cherchent.

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